CHROMA
*grésillement* Bienvenue sur ... *grésillement* inneR_A13. Prenez connaissance des *grésillement* -veaux arrêtés. Tout écart sera sanctionné. N'oubli- *grésillement* pas que inneR-A13 ne vous a pas choisi. Vous devez obéissance à votre *grésillement* -érarchie, vous êtes *grésillement* -devables.**fin de la transmission**
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il s'était traîné à travers inner-a13, hagard, le pas mal assuré et une main plaquée sur la plaie béante dans son flanc. il aurait pu rentrer chez lui directement, c'était environ la même distance, mais au lieu de ça, ses pas l'avaient mené ici, dans le onzième district. ce n'était pas un hasard, loin de là. léandre savait très bien où il allait.

chez léon.

il s'arrêta devant la porte de son appartement, vérifiant le numéro à deux fois pour être certain avant de toquer plusieurs fois. ça ferait la deuxième fois dans la soirée qu'il débarquait chez quelqu'un sans prévenir, tiens. il osait espérer que ça ne se finirait pas de la même façon que la première. cela lui semblait peu probable, cependant. et puis, c'était le milieu de la nuit. léon devait dormir profondément. peut-être qu'il ne viendrait même pas lui ouvrir.

putain. qu'est-ce qu'il ferait, s'il ne venait pas ? il ne savait pas s'il aurait la force de marcher jusqu'au douzième. sa blessure ne lui faisait pas mal à proprement parler - elle aurait probablement disparu d'ici quelques jours - mais psychologiquement, léandre était dans un sale état. il avait pleuré, ça se voyait, et même maintenant, alors qu'il avait quitté l'appartemment d'amaury depuis un bon moment, il tremblait encore. il ne savait pas combien de temps il avait mis à marcher jusqu'ici ; il lui avait semblé que des heures s'étaient écoulées, pendant lesquelles il avait eu tout le loisir de rejouer la scène dans son esprit. amaury qui prenait le couteau, qui lui hurlait qu'il le détestait, lui qui tentait tour à tour de le calmer et de le provoquer, et puis finalement, la sensation de la lame s'enfonçant entre ses côtes.

il allait avoir de quoi faire des cauchemars pendant un moment.

finalement, la porte s'ouvrit. une vague de soulagement l'envahit lorsqu'il aperçut le visage familier.

* hey, souffla léandre d'une voix faible. ça faisait longtemps.

il s'efforça d'esquisser un sourire, mais c'est ce moment que choisirent ses jambes pour le lâcher, et il s'écroula.


11-M-1004
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professeur
* don't let me go

Il faisait nuit, depuis longtemps déjà. Tu ne trouvais pas le sommeil, tu n'aurais su dire pourquoi tu t'étais posé par terre contre la baie vitrée du salon, à regarder la pluie tambouriner contre la fenêtre, une tasse de thé brûlante entre les doigts. Brûlante au début du moins. C'était certain qu'elle l'était moins désormais. Enfin, tu ignorais pourquoi tu n'arrivais pas à dormir, mais c'était comme ça, cela faisait des heures et des heures que tu étais là, à avoir oublié comment on faisait pour réfléchir de façon saine, sereine. Tu étais sans doute ailleurs, loin, peut-être. Il fallait dire que beaucoup de choses s'était passées dans ta vie ces derniers temps, et que tu ne savais plus trop où tu en étais. Il te fallait quelque chose pour te raccrocher à la réalité, te repousser dans le droit chemin, quelque chose comme ça. Lorsqu'on avait toqué à ta porte, tu avais mis du temps, avant de le réaliser.

Peut-être que tu espérais juste que ce soit Arun. Il n'aurait pas prévenu, tu le savais. Mais tu étais tous sauf sûr qu'il revienne un jour, en vérité. C'est peut-être ça qui t'avais poussé à te relever pour poser ta tasse et te traîner jusqu'à la porte. Mais c'est Léandre que tu trouves devant chez toi. Léandre, et il est dans un état pitoyable. Tu ne te dis pas qu'il a été attaqué, en fait tu ne te dis pas quoi que ce soit. T'en sais rien. Tu l'observe juste sans comprendre, puis en comprenant : Léandre a un problème et c'est toi qu'il est venu voir. Comment peux-tu être encore plus touché ? Ton cerveau qui s'était arrêté se remet subitement en marche, et avant que tu ais le temps de réaliser, il s'est écroulé au sol. Oh non.

Léandre ! Tu tombe à ton tour sur tes genoux, de tout ton poids et viens subitement passer tes bras autour de lui pour le serrer aussi fort que tu le peux. Bien sûr, tu ne peux t'empêcher de penser à comment, il y a quelques semaines, la même chose était arrivée, ici même, Arun dans tes bras. Tu déglutis et enfouis ton visage dans son cou. Pitié, dis moi que ça va...
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à l'instant où il sentit les bras de léon se refermer l'entourer d'une chaleur rassurante, léandre sut qu'il avait bien fait de venir ici. après qu'amaury l'ait jeté dehors, il avait d'abord pensé à rentrer chez lui, mais l'idée de se retrouver seul dans son appartement vide lui paraissait insoutenable.

il reposa sa tête contre l'épaule de léon et resta comme ça pendant un moment, respirant son odeur. ses cheveux longs lui chatouillaient le nez, mais il s'en fichait.

* ça va, maintenant que tu es là.

il lui rendit enfin son étreinte, d'une seule main, l'autre reposant toujours contre son flanc, et puis s'écarta un peu pour le regarder dans les yeux. il lui sourit faiblement.

* je t'avais promis qu'on se reverrait, non ?

il aurait voulu que ce soit dans d'autres circonstances, de préférence pas au milieu de la nuit alors qu'il venait de se faire poignarder, mais bon. léandre commençait à avoir l'impression que rien ne se passait jamais comme il le voulait, dans sa vie.

* désolé de te déranger aussi tard, fit-il en écartant délicatement une mèche rousse du visage de léon pour la glisser derrière son oreille. j'aurais préféré que tu ne me vois pas dans cet état, mais... tu es la première personne à qui j'ai pensé.

et la seule, d'ailleurs. il ne se voyait pas sonner chez althea pour lui demander de l'aide, par exemple - encore moins à cette heure-ci. elle lui aurait probablement claqué la porte au nez. quant à ses autres collègues, la moitié le détestaient et auraient probablement saisi cette occasion pour se débarrasser de lui. non, léon était sa seule option, la seule personne à qui il faisait assez confiance pour se montrer aussi vulnérable devant lui.

* tu ne vas pas me laisser dehors, hein ? lança-t-il dans une tentative maladroite de détendre l'atmosphère, mais ça sonnait plus désespéré qu'autre chose. décidément, il n'arrivait à rien ce soir.


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professeur
* don't let me go

Tu as peur. Tu es terrifié. Il est hors de question que tu le laisses partir d'ici, pas après avoir vu dans quel état il se trouve. Il est hors de question que tu le laisse s'échapper. Pas tant que son sourire habituel n'ai refleurit sur ses lèvres. Tant pis si ça prend des jours, tu te dis, tu le feras. Tu l'obligeras à rester. Bien sûr, il n'y a pas de sang, et la blessure est... Ce qu'elle est, tu imagines, tu ne veux pas regarder, tu ne veux pas la voir, ça te ramène à quelque chose de viscéral, quelque chose que tu ne veux pas savoir. D'aucuns auraient sans doute trouvé ça intéressant, l'aurait regardée avec un brin d'inquiétude et de curiosité, mais pas toi. Toi tu te refuse à baisser les yeux en dessous du visage de Léandre, te refuse à quitter ses yeux.

Tu ne me déranges jamais. Tu l'observe pendant quelques instants, tes doigts passent le long de ses joues avec inquiétude, comme s'il n'était pas là ou qu'il allait s'effacer d'un instant à l'autre, comme s'il allait t'abandonner à nouveau, comme s'il allait partir, sans se retourner. Mais non, Léandre est là, Leon, Léandre est là et il va rester là, tu t'en assureras. On est amis, pas vrai. Tes sourcils se froncent dans une mimique inquiète, alors qu'il balance une petite ... plaisanterie. Mais elle ressemble à s'y méprendre à une pique, et même si tu supposes qu'elle ne t'est pas vraiment destinée, ton cœur se fend, s'entaille. Léandre vient de te faire mal. Jamais. Silence, tu approches pour poser ton front contre le sien, les yeux trempés de larmes inquiètes, tes doigts cherchent les siens. Pourquoi ne peux-tu pas soigner tous ses maux, comme ça ? D'un revers de main, d'un baiser tendre contre sa peau, comme tu le fais aux enfants, comme tu le faisais autrefois ? Tu veux me parler de ce qu'il s'est passé ?
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